LE RÉFECTOIRE 4 Juin 2008

LE REFECTOIRE

Thriller de Gianmarco Toto

LES PERSONNAGES

Clara : réservée et tranquille, elle se montre souvent patiente et tolérante, mais ellecache, en elle, une violence peu commune.

Emma: Son comportement rebelle et nerveux voile une certaine sensibilité.

Joy: C'est un personnage inquiétant et trouble qui dissimule une grande fragilité.

Paula: C’est une rebelle qui fait son âge. Une tête dure qui renferme une grande générosité.

Suzie : C'est une intellectuelle timide et coincée mais douée d'un certain courage.

Ruth: Sa générosité, son dynamisme et sa constance en font une personne appréciable.

Nathalie : Elle fait superficielle avec ses allures « bon chic, bon genre » mais sa sensibilité est dénuée d'artifices.

Fleur : Une idéaliste, une rêveuse décontractée. On pourrait même penser qu'elle eststupide. C'est le masque de l'intelligence et de la raison.

Renatta : C'est une fille secrète, étrange et gentille. Elle peut se montrerredoutablement convaincante et courageuse.

Bob: Il est parfois très idiot, mais peut se montrer gentil et sensible. C'est un êtrecourageux et volontaire.

Max: Frimeur stupide et nerveux. Deux qualités enfouies,la bonté et le courage.

Sonia : Une tête de mule, une râleuse, un vrai garçon manqué. Mais elle est juste, sensible ettolérante.

Chloé : Complice de Sonia, elle est moqueuse mais peut se révéler très efficace.

 

Le cuisinier : Le pire cauchemar adulte qu’on ne voudrait pas rencontrer pendant son adolescence. Un condensé du grand méchant loup et d’un tueur en série. Mais existe t’il vraiment ? Ou n’est-ce qu’une représentation des angoisses de la jeunesse ?

Le décor : Le réfectoire d'un établissement scolaire. Des tables, de chaises et au fond un passe plat donnant sur les cuisines. Près du passe plat, un interphone.

ACTE I

 

Scène 1

(C’est le service du soir. Les élèves internes de cet établissement scolaire entrent dans le réfectoire,  plateau à la main. Bob, Max, Sonia et Chloé entrent en chahutant. Suzie apparaît, Max se lève et lui présente une chaise. Suzie va s'asseoir ailleurs.

Entrée de Fleur et Renatta qui vont s'installer après de multiples hésitations.

Nathalie apparaît sous les sifflets des garçons et feignant l’indifférence va s'installer avec Fleur et Renatta qui lui sourient gênées.

Clara et Ruth entrent à leur tour. Clara va s'asseoir de suite et Ruth, au passage, taquine un peu les garçons qui s'amusent. Ruth singe Nathalie ce qui fait sourire Fleur et Renatta. Enfin apparaissent Joy, Paula et Emma. Ambiance tendue. Paula s'approche des garçons d’un air de défit  et va s'asseoir avec ses amies.)

MAX : - Bob, tu as envie de ton dessert ?

BOB : - Non,... C'est "dégueu"... Tu le veux ?

MAX : - (joyeux) Ouais ! Ouais ! Fait passer ! (Il dévore le plat)

CHLOE : - Beuh ! C'est écœurant... Quel porc... vas-y, hé, goret...

BOB : - (grimaçant) Max, tu me dégoûtes.

MAX : - Quoi !? Lâchez-moi ! J'ai "la dalle"!

SONIA : - Quel goinfre ce mec ! (Un silence pendant lequel elle observe Bob qui regarde Fleur avec insistance) Elle te plait ?

BOB : - (surpris et vexé) Ecrase !

MAX : - (provocateur) Qu'est-ce qu'il est agressif quand on lui parle de fleur... Cool, mec ! C'estl'amour ou quoi ?

SONIA : - Allez ! Raconte... Hé, Tu es sorti, avec elle ? Hein ? Hein ?

BOB : - (énervé) Laissez-moi tranquille !

CHLOE : - Quand est-ce que tu lui sors le grand jeu ?

BOB : - La ferme, je te dis !

(Chloé se ravise puis jette un oeil du côté de Suzie. Max, complice, prend son plateau et va s'asseoir à côté de Suzie.)

 

Scène 2

MAX :- (à Suzie) Salut!

SUZIE : - (distante) Salut.

MAX : - Bon appétit.

SUZIE : - Toi aussi.

MAX : - Tu fais quoi ce week-end ?

RUTH : - Arrêtes, Max, t'es lourd !

MAX : - (à Ruth) Je t'ai causé, toi ?

RUTH : - Non, tu pollues... Dégage !

MAX : - C'est dingue ! Je ne peux pas causer avec ma copine ?

RUTH : - C'est pas ta copine, alors arrêtes de délirer.

MAX : - (se rapprochant de Ruth) Attends, attends ! Mais, tu es jalouse ou quoi ?

(Ruth fait mine d'être intimidée) Ouais, cool ! Je ne savais pas que je t'intéressais comme ça.

RUTH : - (même jeu) Je supporte pas de te voir avec une autre fille.

MAX : - (sûr de lui) Pourquoi tu l'as pas dit tout de suite ?

RUTH : - (lui versant son verre sur le pantalon) Parce que j'attendais que tu sois assez proche de moi pour te refroidir.

MAX : - (bondissant) La chienne ! Ça va pas non ?

(Fou rire général)

RUTH : - Allez, va te changer !

MAX : (en sortant sous les applaudissements) Je la tue ! Je la tue !

CHLOE ET SONIA : - Allez, Max... Ne pleure pas,... T'as pris des couches de rechange ?

CLARA : - (à Ruth) Tu as fait fort. A ta place je me méfierais.

RUTH : - Tu crois que j'ai peur d'un gland pareil ? Qu'il aille se faire voir ailleurs ! (à Suzie) Ça va ?

SUZIE : - J'ai besoin de personne, je peux me débrouiller toute seule.

RUTH : - (vexée) Rendez service aux copines... !

CLARA : - Laisse tomber.

 

Scène 3

(Dans le coin de Nathalie, Fleur et Renatta)

NATHALIE : - (Rangeant son rouge à lèvres) Dites, les filles, vous faites quelque chose samedi soir ?

RENATTA : - Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a samedi soir ?

NATHALIE : - La soirée organisée par les anciens.

RENATTA : - C'est ça. Si c'est pour finir dans le torchon d'un de ces crétins ce n’est pas la peine. Tout cequ'ils veulent c'est de la chair fraîche.

NATHALIE : - Moi, j'y vais.

RENATTA : - (oeil complice à Fleur) Toi, tu peux, tu risques rien.

NATHALIE : - Ça fait une semaine que j'attends ça...

RENATTA : - Tu as besoin de mettre toutes ces cochonneries sur ton visage ?

NATHALIE : - C'est pas des cochonneries et c'est bon pour mon teint. Et toi Fleur, tu y vas ?

FLEUR : -(ailleurs) Quoi ? Où ça ?

NATHALIE : - A la soirée...

FLEUR : - (maussade) J’aime pas danser...

NATHALIE : - Moi aussi. Au début, je n’aimais pas, je n’osais pas, mais maintenant...

RENATTA : - (œil complice à Fleur) Quelle transformation ! (Un silence) Et tu as un cavalier ?

NATHALIE : - Ouais.

RENATTA : - On peut savoir ?

NATHALIE : - C'est privé.

RENATTA : - Tu as peur qu'on te le pique ?

NATHALIE : - Il n’y a aucune chance. Il est dingue de moi.

(Fleur et Renatta rient.)

Quoi qu'est-ce que j'ai dit ?

 

Scène 4

(Retour de Max qui passe devant la table de Joy, Paula et Emma)

(Ruth et Clara sont dans leur coin)

RUTH : - (fixant la table de Paula) Elles me font froid dans le dos ces gonzesses.

CLARA : - Elles sont bizarres, c'est tout. Elles font un délire.

RUTH : - II paraît qu'elles font de la magie noire ensemble.

CLARA : - Peuh ! C'est des rumeurs, c'est tout.

RUTH : - Si, je t'assure, du vaudou ou quelque chose dans le genre...

FLEUR : - On dit que la mère de Paula s'est pendue parce que le père était alcoolique. C'est Paula qui atrouvé le corps.

 

Scène 5

(Dans le coin de Joy, Emma et Paula)

PAULA : - (fredonnant avec un air cynique) Une souris verte... Qui courait dans l'herbe... Je l'attrape par la queue... Je lamontreà ces messieurs... Ces messieurs me disent... Trempez la dans l'eau... Trempez la dansl'huile...

JOY : - Paula tu m'agaces !

PAULA : - (fixant les autres) Regardez-moi ce tas de déchets... Tous tarés... Ils se goinfrent commedes porcs...

EMMA : - Ouais... Ça me dégoûte... Des porcs...

JOY : - On fait comme eux ?

PAULA : - Ouais ! Génial ! Comme des porcs...

(Les trois amies se mettent à goinfrer et salir devant le réfectoire écoeuré.)

CHLOE: - (se dressant) Arrêtez ça ! C'est "dégueu" ! Oh ! Les monstres! Laisse tomber, ellessont pas finies... !!!

PAULA : - Qu'est-ce qu'ils ont les morveux ?

JOY : (A Sonia.) - Elle est choquée la quiche ?

SONIA : - Répète ça ?!

CHLOE : - Vas-y Sonia ! La fessée ! La fessée !

BOB : - Laisse tomber Sonia. Laissez tomber vous autres...

SONIA : - Fait chier...

(L’interphone grésille. Les élèves perdent soudainement connaissance.)

 

 

ACTE II

 

Scène 1

(Silence dans le réfectoire. Les élèves gisent certains au sol d’autres sur les tables dans la même position où ils se sont évanouis.) (L’interphone grésille plusieurs fois puis s'arrête.)(Peu à peu, ils se réveillent comme étourdis.)

(L’interphone cesse de grésiller.)

SUZIE : - II fait nuit...

BOB : - Combien de temps avons-nous dormis ?

SONIA : - Je vais voir dehors. (Elle sort)

CHLOE : - Hé, Sonia, attends-moi... N'y va pas seule... Ça craint...

SUZIE : - II fait nuit.

BOB : - Ça fait deux fois que tu le dis.

SUZIE : - II fait nuit et personne...

EMMA : - Regardez vos montres !

MAX: - 19 H 05...

CLARA : - Cinq minutes... Nous avons dormis cinq minutes ?

SUZIE : - II fait nuit et nous sommes seuls.

BOB : - (Nerveux) Arrêtes, Suzie...

SONIA : -(revenant avec Chloé)Toutes les portes sont verrouillées... Le "bahut" est fermé... Nous sommes prisonniers, merde!

BOB : - Ça va, on a compris Sonia...

SONIA : - (cédant de plus en plus à la panique) Prisonniers... Merde... Merde...

BOB : - La ferme, Sonia... ! La ferme... !

(Un silence)

NATHALIE : - Bon, on va pas rester là ?!  (Silence) Je me tire... (Elle se lève et prend son sac)

FLEUR : - (l'attrapant par le bras) On ne peut pas. Tu n’as pas compris ?

NATHALIE : - (nerveuse) Lâche moi ! Lâche moi, je te dis !

FLEUR : - On ne peut pas...

(Nathalie se dégage et sort) (Un silence)

FLEUR : - Quelle conne !

 

Scène 2

(Emma, Joy et Paula dans leur coin.) (Ruth et Renatta à l'opposé)

EMMA : - Qu'est-ce qu'ils font ?

JOY : - Qui ?

EMMA : - Les autres.

JOY : - Sais pas.

PAULA : - Tu flippes Emma ?

EMMA : - Qu'est-ce que tu dis ?

PAULA : - La peur...

EMMA : - Arrêtes !

PAULA : - Fait pas partie de nos accords...

EMMA : - J'ai rien fait...

PAULA : - Alors, file droit... (Elle s'éloigne)

EMMA : - (à Joy) Qu'est-ce qu'elle a ?

JOY : (Le regard fixé sur Emma qui s’éloigne.) - Elle a peur.

(Ruth et Renatta discutent sous le regard fixe de Paula.)

RENATTA : - Je ne comprends pas.

RUTH : - Quoi ?

RENATTA : - Pourquoi, il n'y a personne.

RUTH : - Où ?

RENATTA : - Dehors,… Il se passe quelque chose...

RUTH : - On attend les autres et on ne bouge pas.

RENATTA : - Tu crois ?

RUTH : - (agacée par le regard obstiné de Paula) Qu'est-ce qu'elle a ? Elle veut ma photo ?

(Paula se rapproche.)

PAULA : - La souris verte...

RUTH : - Quoi ?

PAULA : - La souris verte... C'est toi.

RUTH : - (impatiente) Quoi, la souris verte...!

RENATTA : - Laisse tomber Ruth, elle débloque...

PAULA : - (à Renatta) Je t'ai causé, toi ? (S’éloignant à Ruth) Je suis sûre que tu es la souris verte...(A tous) Ecoutez-moi tous ! On ferait mieux de débarrasser la table au lieu de glander comme on lefait.Je crois que le dîner est terminé, non ? Et puis cette odeur de bouffe, ça me donne la nausée...

RENATTA : - Pour une fois Qu'elle a une idée...

(Tous se lèvent et rangent le réfectoire.)

(L’interphone mural grésille)

(Les élèves ne bougent plus.)

EMMA : - Qu'est-ce qu'on fait ? On décroche ?

RUTH : - C'est peut être les autres.

(Un silence pesant. L’interphonegrésille toujours. Paula s'avance et appuie sur le bouton de l’interphone.)

PAULA : - Service de midi. Si vous aviez une petite faim, c'est trop tard, on ferme...

LA VOIX : - J'ai une petit faim justement, ma douce Paula, j'ai faim de vos peurs...

PAULA : - Quoi ? Allô ? Qui est-ce ?

LA VOIX : - Toutes ces choses que tu fais... J'ai besoin de toi... Oui, c'est ça, besoin de toi... Depuiscombien de temps quelqu'un ne t'as pas dit : "j'ai besoin de toi", ma puce ?

 (Paula, effrayée, ferme l’interphone brusquement.)(Un silence)

JOY : - Paula ? Qui c'était ?

PAULA : - (troublée) Je sais pas... (L’interphone grésille) (Prise d’une soudaine colère, elle appuie sur le bouton.) Répète, enfoiré... Répètece que tu as dis...!

LA VOIX : - Je viendrais te chercher pour te le dire...Ma poupée, ma tendre douceur...

(Un silence)

JOY : - C'était qui, Paula ? C'était qui ?

PAULA : - (nerveuse) J'en sais rien... Il a raccroché... Fiche moi la paix ! Si je tenais ce fils de...

(Le reste du groupe entre.)

 

Scène 3

(Les élèves sont à nouveau au complet.)

SONIA : - Les nouvelles ne sont géniales... Nous sommes coincés ici... Les portesvitrées de ce local sont en verre sécurit, les fenêtres, même chose.

CHLOE : - C'est du délire... Au delà du réel... Vas-y, c’est nul, ...

NATHALIE : - (qui a ,depuis un moment, remarqué le comportement étrange des autres.) Et bien !Vous en faites une tête !

JOY : - (glacée) Ta gueule !

NATHALIE : - (résignée) Ça devient une habitude !

SUZIE : - (décontenancée) Vous avez tout débarrassé ? C'est tout propre...

PAULA : - Toi aussi. Boucle-là ! (Se posant devant le groupe d'élèves qui vient d'arriver) C'est qui ?

BOB : - Qu'est-ce qui se passe ? De quoi tu parles ?

CHLOE : - Vas-y, l'autre... Tu as fumé ou quoi... ?

PAULA : - (Elle crie) A l’interphone... Qui a appelé ?

BOB : - Personne.

MAX : - De quoi elle parle cette folle ?

PAULA : - (agressive) Qui est fou ? Qui ?

EMMA : - Paula ! Ce n’est pas eux...

NATHALIE : - Si c'est une blague c'est pas le moment de...

PAULA : - (la bousculant violemment) Qu'est-ce qu'elle a dit la « call-girl » ?

NATHALIE : - Me touche pas ! Je ne t'ai rien fait.

PAULA : - Quel moment ?

NATHALIE : - Quoi ?

PAULA : - Quel moment tu choisirais ?

NATHALIE : - (visiblement inquiète) Qu'est-ce qu'elle a ?

EMMA : - (retenant Paula) Assez !

(L’interphone grésille)

FLEUR : - (troublée fixant l’interphone) Nous sommes tous là... Ce n’est personne, Paula...

JOY : - J'y vais !

PAULA : - Non ! Attends...

MAX : - (appuyant sur le bouton) Allô ? On est enfermé... On ne peut plus sortir... Aidez-nous...

LA VOIX : - Max ! Calme-toi...Bonsoir mes enfants. Ici, on me nomme le cuisinier. Les choses ont changées. Elles nesont jamais éternelles. Vous voici enfermés si je puis dire. N'ayez crainte vous ne manquerez de rien.Ne suis-je pas le cuisinier ?

SUZIE : - C'est vous qui faites ça ? Pourquoi ?

LA VOIX : - Ah ! Suzie... Suzie.... Ta curiosité est louable. Une qualité chez toi...

SONIA : - II nous observe c'est sûr... Il nous voit...

LA VOIX : - Je suis aveugle, Sonia, et je vois tout, j'entends tout...

RUTH : - Pourquoi nous retenir ?

LA VOIX : - Si je pouvais répondre à cette question, chère Ruth,...

SONIA : - C’est pas vous peut être... ?

LA VOIX : - Moi, toi, les uns, les autres,... Voyez ce que c'est. Nous pensons que le danger vienttoujours des autres, n'est-ce pas Sonia ? Mais le temps, Sonia, le temps est plus éphémère et surprenant que lepapillon de nuit. A présent, nous avons tout le temps désiré... (Sur un ton plus sec.) Paula ? Tu m'entends ?

PAULA : - (effrayée) Oui ?!

LA VOIX : - Approche du passe plat... Approche, n'aie pas peur. Il y a quelque chose pour toi...

(Paula s'approche et découvre une petite friandise.)

JOY : - Qu'est-ce que c'est ?

PAULA : - Un gâteau chinois. Un « gâteau surprise ».

LA VOIX : - Ouvre-le.

PAULA : - (elle l'ouvre et découvre un papier) C'est une photo... Une photo de... (Soudain violente) Salaud ! Salaud ! (Elle passe la moitié du buste dans le passe plat.) Je te tuerais, tu entends ? Je tetuerais !

(Paula disparaît dans le passe plat.)

EMMA : - (Elle hurle en se jetant dans le passe plat.) Paula ! Non ! Paula....

MAX : - (la retenant) Emma, non... C'est dangereux...

SONIA ET CHLOE : - (se précipitant pour retenir Paula) Je l'ai... Je l'ai... Aide-moi, je la tiens... La lâchepas... Je peux plus... Je peux plus... Elle est plus là ?... Je la vois plus... C'est tout noir...

BOB : - (A tous) Ecartez-vous !

(On entend la voix de Paula se perdre au loin.)

(Un silence)

CLARA : - (tenant la photo) "Ils virent un ange tombé du ciel. Ils s'approchèrent pour mieux le voir. Lorsque l'ange se retourna, il avait la face du démon. Depuis ce jour, ils comprirent que plus rien n'arrêterait le malin..."

NATHALIE : - (à Clara) Qu'est-ce que tu dis ? Qu'est-ce qu'il y a ?

CLARA : - C’est écrit, là, sur la photo. (Tendant la photo à Nathalie.) Sa mère... Pendue... La mère de Paula...

NATHALIE : - (Abattue, les mains crispées sur la photo.)  Qu'est-ce qu'il y a ?

 

Scène 4

(Suzie, Ruth et Renatta effondrées dans un coin. Nathalie et Fleur même jeu. Joy seule. Emma et Max ailleurs.) (Clara tient toujours la photo dans ses mains.)

MAX : - (doucemen tà Emma) Ça va ?

EMMA : - Oui...

MAX : - Tu veux quelque chose ?

EMMA : - Oui.

MAX : - Quoi ?

EMMA : - (fondant en larmes) Je veux vivre...

MAX : - (la prenant dans ses bras) C'est rien. Te fais pas trop de bile. Tu verras, on s'en sortira.

EMMA : - (soudain) Jure-le.

MAX : - Juré... C'est promis...

EMMA : - T'as pas peur toi ?

MAX : - Peur ? Regarde moi dans les yeux... Qu'est-ce que tu vois ?

EMMA : - Un garçon qui fait dans son froc...

MAX : - Vingt sur vingt. Vous êtes en net progrès, mademoiselle Emma... Quitte ou double ?

EMMA : - (le regardant fixement avec douceur) Double...

(Nathalie et Fleur, ailleurs)

NATHALIE : - Tu crois que les autresvont la retrouver ?

FLEUR : - Tu t'inquiètes pour eux à présent ?

NATHALIE : - Pourquoi ? Ça t'étonne ?

FLEUR : - Non. Plus rien ne me surprend...

NATHALIE : - (Avec ironie) Tu es forte.

FLEUR : - Pas plus que toi...

NATHALIE : - (vexée) C'est ça...

FLEUR : - Bon. Tu veux savoir ce que je pense de toi ? Si tuétais moins accrochée à tes points noirs,tu verrais qu'on est fait pour se comprendre. Sans les autres on est bon à rien. On a le droit des'occuper de soi... Mais sans les autres...

NATHALIE : - Cool ma soeur !

FLEUR : - Désolée mais c’est comme ça. Tu m’agaces. Ca fait aussi partie des petites choses de la vie.C'est peut être pour ça qu'on est tous là... (Elle s'écarte) Ouais... C'est peut être pour ça...

NATHALIE : - (se rapprochant) Tu me détestes, n'est-ce pas ?

FLEUR : - Tu m'énerves... C'est physique...

NATHALIE : - Après l'examen, tu fais quoi ?

FLEUR : - Philo... Pourquoi ?

NATHALIE : - Erreur ! C'est Psycho... (Un sourire.) T’as un don.

(Un silence.)

FLEUR : - (Calmée) C'est Bob ?

NATHALIE : - Pardon ?

FLEUR : - Tu t'inquiètes pour Bob.

NATHALIE : - (souriant) C'est un mec bien. J'en suis sûre. Même s'il fait le bouffon... C'est un mecbien...

FLEUR : - Tu devrais faire psycho toi aussi...

(Elles rient ensemble)

(Suzie, Ruth et Renatta à l'écart.)

RUTH : - Pourquoi elle m’a appelé la "souris verte" ?

SUZIE : - Que dis-tu ?

RENATTA : - Paula a appelé Ruth « la souris verte »...

SUZIE : - Comprends pas.

RUTH : - (toujours dans son idée) Paula est peut être une fille étrange, mais elle n'est pas stupide.

RENATTA : - Elle a voulu dire quelque chose de spécial ?

SUZIE : - C'est vous qui êtes spéciales, je crois...

RUTH : - Tout est vraiment flippant. Notre sommeil soudain.Et ce type qui nous parled'on ne sait où...

SUZIE : - Dites, vous croyez pas qu'on est assez mal comme ça ?

RUTH : - (soudain) Renatta, tu te souviens de l'exercice sur le sens des mot avec le prof de français ? Fallait trouver un mot qui collait avec un autre…

RENATTA : - Oui, et alors.

RUTH : - On va jouer à la même chose. Si je te dis "souris" tu penses à quoi ?

RENATTA : - Chat !

RUTH : - (désolée) Fais un effort.

SUZIE : - Fromage.

RUTH : - Mais non. Cet exercice est une association de sens ou d'idées. Si je dis ballon l'autre ditrond, etc. Allez, réfléchissez !

SUZIE : - J'ai compris. Si tu dis souris, moi je dis... "Petit".

RUTH : - Et si je dis "petit" ?

SUZIE : - "Petit"... Je dis : " Passe partout"

RUTH : - Passe partout ? Passe partout.... (Elle se retourne vers le passe plat et le regarde fixement)

RENATTA : - Ruth qu'est ce qu'il se passe ?

RUTH : - Le passe plat est un passage.

RENATTA : - Qu'est -ce que tu as en tête ?

RUTH : - Je suis certaine qu'on peut sortir par là.

SUZIE : - Tu es folle ou quoi ?

RUTH : - Mais non. "La souris verte"... Je suis la souris verte… Je peux me faufiler.

(Clara murmure seule. Joy n’est pas loin et l’entend.)

CLARA : - C'est lui... Cet enfoiré. C'est sûrement lui.

JOY : - (se rapprochant) Qu'est-ce que tu dis ?

CLARA : - Lui... Lui qui a tué sa mère...

JOY : - Arrêtes, on connaît l'histoire...

CLARA : (Elle s’emporte.) - D'où elle sort cette photo, hein ? D'où ? Quelqu'un a bien dû la prendre ? Quelqu'un a priscette photo, oui ou non ?

JOY : - Ne t'emportes pas. Ça ne sert à rien.

CLARA : - C'est ton amie ?!

JOY : - Oui, je sais mais...

CLARA : - (Elle s’emporte plus rudement.) C'est ton amie, oui ou merde ?

JOY : - Ça va, arrêtes de t'énerver !

CLARA : - On va pas rester là. Faut partir, s'enfuir...

JOY : - Je ne pars pas sans Paula.

CLARA : - T'as raison. Mais, si... (Elle se ravise.) Non rien.

JOY : - Paula est morte ?

CLARA : - Je sais pas. Je ne veux pas penser, (voyant Ruth tenter une sortie par le passe plat.) Qu'est-ce qu'elle fiche ? Elle est folle ? (à Ruth) Ruth qu'est -ce que tu fais ?

RUTH : - Je bricole.

MAX : - (se levant à son tour) Ruth, tu débloques ?

RUTH : - Je vérifie quelque chose.

SUZIE : - Elle est persuadée qu'il y a une sortie par là.

MAX : - Ruth, tu m'entends ?

RUTH : - (de loin) On entend que toi. Arrête de gueuler.

MAX : - Sors de là, maintenant.

RUTH : - Je regarde c'est tout. Je continue à parler.

MAX : - Okay ! Tu nous fais signe de temps en temps.

RUTH : - Entendu.

RENATTA : - Faut pas la laisser là.

MAX : - Si elle a une idée, il faut essayer.

JOY : - C'est par là que Paula a disparu...

 

Scène 5

(Plus tard, Bob et Sonia sont revenus.Tout le monde attendle retour de Ruth.)

SONIA : - Ça fait trop longtemps.

MAX : - On l'a entendu il y a cinq minutes.

SONIA : - C'est trop long.

CHLOE : - (Elle appelle dans le passe plat.) Ruth... Ruth, revient. Dis quelque chose... (Elle se ravise.) Pourquoi elle ne répondpas ?

NATHALIE : - Ruth sait ce qu'elle fait, elle n’est pas stupide.

SONIA : - Ce taré de cuisinier non plus. On n’a pas retrouvé Paula.

NATHALIE : - Ce coin là vous ne l'aviez pas fait ?

SONIA: - (énervé) On peut pas. Les cuisines sont bouclées. Tu piges ?

FLEUR : - Sonia. Du calme. Nathalie essaye de te rassurer.

SONIA : - (agressif) Je veux pas être rassuré. Je veux me tirer... Merde !

CHLOE : - Hé ! Sonia... Reste cool, ma fille... Faut pas s'énerver...

NATHALIE : - Je suis certaine que tout va s'arranger, Sonia. Faut pas...

SONIA : - (repoussant Nathalie violemment) Dégage !

FLEUR : - (Elle gifle Sonia) On a tous peur... Ça ne te donne pas le droit d'êtr désagréable. Si tu lèvesencore la main sur l'un d'entre nous, je te jure que je te ferais avaler ce qui te sert de râtelier. Alors, dis rien maintenant...

(Un silence)

BOB : - (à Fleur) Tu as mangé du lion ?

FLEUR : - Ouais, ça va. Et toi ?

BOB : - Tant qu'on sera tous ensemble, ça ira.

(Un appel dans le passe plat)

EMMA : - Vous entendez ? Dans le passe plat...

SUZIE : - C'est elle. C'est Ruth.

CHLOE : - (A demi dans le passe plat.) Hé ! Minette ? On est là... Celle-là, je te jure...

RUTH : - Ho ! Ho ! Debout là dedans !

CHLOE : - On est là,... Tu nous vois ? Hé ! Poupée, dépêche ! Tu nous manques...

RUTH : - Continuez. J’aime quand on me parle comme ça...

RENATTA : - Ruth ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

RUTH : - J’arrive avec un gros paquet.

MAX : - Qu'est-ce qu'elle a dit ?

RENATTA : - Elle arrive...

(Ruth apparaît dans le passe plat accompagnée de Paula.)

RUTH : - (satisfaite et rassurée) Pas mal pour une souris verte !

CHLOE : - (Elle chante accompagnée par tout le groupe)  Elle est vraiment phénoménale...La, la, la, la, la, laaaa !!!

EMMA : - (Elle prend Paula dans ses bras) Paula ? Ça va ? Paula... Dis quelque chose.

RUTH : - (à Emma) N'insiste pas. Je crois qu’elle est choquée. Elle n'a pas dit un mot depuis que je l'aitrouvé.

BOB : - (à Ruth) T’as vu quoi ?

RUTH : - Rien. Il y a rien à voir. Pas de lumière. L'obscurité. Pas de cuisine. Pas d'ustensile. Pas decuisinier. Plus on s'éloigne du passe plat plus il apparaît petit, scintillant comme l'unique étoile d’une nuit sans fin. Plus on s'écarte, plus le sol se dérobe sous tes pieds. C'est le vide. Le néant. A unmoment, j'ai aperçu Paula immobile. On entendait rien. Même les bruits de pas. Même ta respiration.Rien. Alors, j'ai continué vers la lumière du passe plat. Et voilà.

BOB : - Et ce mec. Ce cuisinier. D'où il sort, alors ? Il y a que Paula qui peut nous répondre.

JOY : - La touche pas ou sinon...

RUTH : - Hé ! Du calme. Il doit y avoir une explication. Il y a toujours une explication. Alors, on secalme.

PAULA : - (se redressant soudain comme possédée.) Ecoutez-moi, vous tous. Compagnons d'infortune.L'autre n'est rien. Nous sommes tout et unique. Le monde est passé, passe et passera. Entre ces troiséléments, nous devons trouver notre voie. Telle est notre existence. Cet avenir que noussouhaitions et que nous craignions. La porte est ouverte, il faut la franchir. L'autre veille, perdu àjamais. (Elle s'endort.)

SONIA : - (Troublée puis violente) Quoi, qu'est-ce qu'elle a ? Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Monstre ! Monstre...

NATHALIE : - Sonia. Arrête. Elle est revenue. C'est tout. Elle est revenue.

(Sonia pleure dans les bras de Nathalie. Un silence)

 

 

ACTE III

 

(Tout le monde est éparpillé en petits groupes isolés. Nathalie tente de calmer Sonia. Bob et fleur dans le leur. Suzie, Clara, Emma et Ruth et Chloé sont ensembles. Paula dort toujours. Renatta et Max sont à son chevet. Joy est restée seule dans un coin.)

Scène 1

(Nathalie et Sonia.)

NATHALIE : - Sonia. Sonia ! Ne reste pas comme ça.

SONIA : - Hm...

NATHALIE : - Sonia. Tout va bien à présent. On est tous là...

SONIA : - Hm...

NATHALIE : - Sonia, je reste avec toi. Pour que tu ne sois pas seule.

SONIA : - Je t'ai rien demandé.

NATHALIE : - Tu n'as pas besoin.

SONIA : - (après un temps)On va tous crever. Tous...

NATHALIE : - Pourquoi tu dis ça ? Tu sais bien que ce n'est pas vrai.

SONIA : - Paula... Paula est morte.

NATHALIE : - Elle dort. Regarde. Elle dort.

SONIA : - Elle est morte. On est mort quand on a plus sa raison. Et puis maintenant, elle sait...

NATHALIE : - Je comprends pas, pourquoi tu t'obstines à croire que tout est perdu. On ne sait pas cequ'il nous arrive. On essaie de comprendre. On va trouver. Il y a une solution.

SONIA : - Il n’y a pas de solution. Il est troptard. En tout cas pour nous.

NATHALIE : - Pour qui ? De qui parles-tu ?

SONIA: - (doucement) Paula, elle sait. Elle a vu. Quant tu vois ce qui te fait peur, t’as plus peur de rien… Moi, ça fait longtemps que je ne vois rien… Ca me fait peur…

 (Nathalie fixe Sonia et s'effondre dans les bras de sa camarade.)

(Bob et Fleur)

BOB : - (après une certaine hésitation et ne sachant comment aborder la conversation.) Tu dois penser parfois que je suis idiot, non ?

FLEUR : - Pourquoi tu dis ça ? Tu as une raison ?

BOB : - Non. Comme je te... Enfin, je veux dire... (Fleur éclate de rire)

 Qu'est-ce que j'ai dit ? Pourquoi tu ris ?

FLEUR : - Je te trouve marrant, c'est tout. Ça fait du bien de rire.

BOB : - On le dit. (Après un temps) Je suis idiot, alors.

FLEUR : - Tu trouves que c'est idiot de faire rire les autres ?

BOB : - Je sais pas.

FLEUR : - Moi, je pense que c'est bien. Et que les gens qui font rire, il n’y en a pas assez. Tu crois queje te vois comme un idiot ? Tu penses que c'est l'image que tu donnes de toi?

BOB : - Je comprends pas.

FLEUR : - Moi, je crois que t'es pas assez méchant pour être idiot.

BOB : - (décontenancé) Ah ? Ah, bon.

FLEUR : - (soudain lasse) J'aimerais bien être ailleurs.

BOB : - Quoi ?

FLEUR : - Que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve...

BOB : - C'est peut être un cauchemar. Peut être que tout ça n'existe pas.

FLEUR : - Bob, j'ai peur. Si tu avais raison. Si tout ça, ce lieu, la nuit, nous, c'était faux. Et si nous n’existions plus. Si c'était ça, la mort.

BOB : - Hé ! On est bien vivant, là. Faut pas avoir peur. Je ne me suis jamais senti aussi vivant.

FLEUR : - Tu crois ?

BOB : - En tout cas depuis quelques minutes, c'est sûr.

FLEUR : - (souriante) Flatteur !

BOB : - Non, je te jure. Tu n'as pas remarqué quelque chose ? Jusqu'à aujourd'hui, on n’avait jamaisparlé ensemble. Enfin, vraiment je veux dire. Regarde autour de toi. Nathalie et Sonia. Max, Renattaet tous les autres. C'est comme si tout d'un coup, on avait besoin des autres. Je ne sais pas si tout ça, çaexiste, mais quelque chose a changé.

FLEUR : - Quoi ?

BOB : - Nous. Nous avons changé. Parce que nous ne sommes pas habitués à être comme ça. Fleur,écoute, jure moi quelque chose.

FLEUR : - (troublée) Oui, je t'écoute...

BOB : - Si on s'en sort. Jure qu'on fera tout pour continuerà nous parler comme on le fait maintenant…

(Suzie, Clara, Emma et Chloé continuent de poser des questions à Ruth.)

EMMA : - (à Ruth) Essaye de te souvenir. Il y a peut être un détail qui t'a échappé.

RUTH : - Non. Je ne vois pas. Une fois le passe plat passé, ce que j'ai senti c'est comme l'impression quetout autour de moi n'existait pas encore. C'est comme s'il y avait une présence mais invisible...

SUZIE : - C'était l'autre peut être. Il ne devait pas être loin. Il t'observait.

CLARA : - II attendait le moment pour te sauter dessus cet enfoiré, oui. C'est tout ce qui le motive.

Ce'est un malade ce type. C'est notre peau qu'il veut...

CHLOE : - Ouais, on va lui faire sa fête à ce salaud... On est plus nombreux que lui...

RUTH : - Non. C'était autre chose. C'est... Oh ! Je ne sais pas. Je n’arrive pas à l'expliquer...

SUZIE : - On devrait arrêter avec nos questions...

EMMA : - Tu n'as pas tort. Mais c'est quand même bizarre... De l'autre côté, il y avait une cuisine etmaintenant plus rien. Dehors pareil, Le vide.

SUZIE : - Peut être qu'on est dans une autre dimension…

CHLOE : - Attends... Vas-y... Tu veux nous faire flipper ou quoi ?... Elle est givrée...

CLARA : - C'est ça. Tu lis trop toi. Et pourquoi pas « la machine à remonter le temps » ou uneconspiration extra- terrestre pour nous empêcher de bouffer à la cantine.

EMMA : - C'est peut être aussi simple que ça...

CLARA : - C'est ça. (A tue tête) Que celui qui a laissé tomber des champignons hallucinogènes dansla purée, lève le doigt. (A elle même) Tout de façon il ne se dénoncera pas ce crétin...

RUTH : - Attends Clara. Ce n’est pas bête. Ça fait un paquet de temps qu'on est là !

CLARA : - Trop longtemps. On devient cinglés...

RUTH : - Regardez vos montres...

CHLOE : - J'ai jamais de montre... Ça me tue les gens qui sont collés à leur cadran toute les cinq minutes.

SUZIE : - Elles n'ont avancé que d'un quart d'heure... Alors, c'est peut être ça... Une brèche dans letemps...

EMMA : - Et comment on est arrivé à ça ?

RUTH : - Nous avons dormis. Nous nous sommes endormis.

EMMA : - Et pendant notre sommeil le temps a ralenti ?

CLARA : - Hé ! Arrêtez vos conneries, là ! Vous me faites flipper...

CHLOE : - Ouais, elle a raison... Il y en a marre de tout ça...

SUZIE : - Pour le moment, en tout cas, il n'y a pas d'autres explications.

RUTH : - II n'y a qu'une seule erreur au tableau noir... Le cuisinier...

(Joy seule avec un étrange comportement.) (Personne ne la remarque.)

JOY : - Moi, je ne veux pas... Je ne veux pas rester toute seule... Je me ferai petite comme une souris...Une souris verte... Mais, personne... Personne ne m'attrapera par la queue... Dans l'huile ?... Non...Dans l'eau... Ouais, dans l'eau... Nager dans l'eau bleue... Une souris verte dans l'eau bleue...

UNE VOIX : - (Elle n’est entendue que de Joy) Joy ? Joy ?

JOY : - Papa ? Papa, c'est toi ?

UNE VOIX : - Et qui veux-tu que ce soit ? Petite gourde !

JOY : - Papa, on est prisonnier. Je ne peux plus sortir...

UNE VOIX : - Qu'est-ce que tu as encore fait ? On a que des ennuis avec toi.

JOY : - (Elle se comporte progressivement comme un petite fille) Non, papa, ne te fâche pas... J'ai rien fait... Papa,où es-tu ?

UNE VOIX : - Je suis là. Je suis toujours là quand tu fais bêtises, Joy. Et ta mère ? Qu'est-ce que tucrois qu'elle en pense ?

JOY : - Maman. Je veux voir maman...

UNE VOIX : - Mais elle ne veut plus te voir. Parce que tu es une petite fille méchante.

JOY : - Non, c'est pas vrai. J'ai rien fait. J'ai rien fait.

UNE VOIX : - Lève-toi quand je te parle. Une petite bien élevée se lève lorsque son papa lui parle...

JOY : - Papa, viens me chercher...

UNE VOIX : - Avant, tu dois expier ta faute, Joy. Tu connais la punition ?

JOY : - (En pleurs) Non, pas ça. Pas le placard. Papa je t'en supplie. Je serais une petite fillesage.

UNE VOIX : - Ne discute pas. Entre dans ce placard.

JOY : - (elle se dirige vers le passe plat) Non, je veux pas. Je ne veux pas. Je veux...

UNE VOIX : - Allez, va ! Va donc ! Ta place est avec les bêtes grouillantes du placard. Elles tetiendront compagnie.

JOY : - (Elle a enjambé le passe plat) Non, pitié Papa. Pitié, pas le placard...

MAX : - (qui vient de remarquer les agissements de Joy.) Non, Joy... Qu'est-ce que tu fais ? Retenez-la ! Retenez-la !

(Joy a disparu)

EMMA : - Qu'est ce qui s'est passé ?

PAULA : - Elle a rejoint son histoire. Elle ne sera plus jamais la petite fille du placard...

MAX : - Qu'est-ce qu'elle raconte ?

(L’interphone grésille. Emma appuie sur le bouton.)

EMMA : - Allô ? Rendez-nous Joy...

LA VOIX : - Si voulez revoir votre petite copine, les amis, tâchez de ne pas vous endormir.

 

Scène 2

(Tout le groupe est en discussion) (Paula, un peu à l'écart, écoute et ne dit rien.)

CLARA : - Je ne comprends pas pourquoi, nous devrions rester là sans rien faire.

FLEUR : - Le cuisinier nous a menacé de faire du mal à Joy si ontentait quoique ce soit...

CLARA : - Et alors ? Joy est entre ses mains et rien ne l'empêchera de la torturer s'il ça lui chante.

BOB : - C'est macabre. Macabre et stupide de croire qu'on pourra changer les plans de ce fou.

SONIA : - Les plans, on ne les connaît pas. On ne sait pas ce qu'il veut.

CHLOE : - C'est notre peau, qu'il veut... C'est un malade, ce mec... Un tueur de gosses...

RENATTA : - Arrêtez de dire ça. Il n’a tué personne.

SONIA : - C'est ça, mais il nous demande de ne pas nous endormir si on veut revoir Joy. Vous savezce que je crois ? On va tous y passer au passe plat, voilà ce que je crois. Et personne ne pourra rien faire.

RUTH : - II nous demande de ne pas dormir ? En quoi ça le dérange, je me le demande ?

SUZIE : - De toute façon, je sais pas pour vous, mais moi j'ai pas sommeil...

MAX : - II faut retrouver Joy. Ruth a bien réussi, on peut y aller nous aussi, qu'est-ce qu'on risque deplus.

(L’interphone grésille)

FLEUR : -Ça y est, ça recommence, je crois que je vais devenir folle.

NATHALIE : - Qui répond?

CHLOE : - Ouais, ben... C'est à dire que... Vas-y toi ! Je n’ai jamais aimé ces appareils...

NATHALIE : - Vous êtes vraiment trouillards, c'est pas vrai. Bon et bien, je me dévoue... (Elle s'approche du combiné et se retourne vers le groupe en arrangeant ses cheveux.) Ça va, je suis présentable ?

PAULA : - (Prenant la place de Nathalie) Laisse-moi faire. (Elle appuie sur le bouton) Salut, ma puce ! Ça va, tu te sens mieux ? Oui... Oui... Le passe plat... C'est compris... Je leur dis... (Elle raccroche) Vous avez le bonjour de Joy...

CLARA : - Quoi, c'était Joy et c’est tout l’effet que ça te fait ?

PAULA : - Tu voudrais que je fasse quoi ? Bondir de joie ?

CLARA : - Mais je rêve... Où elle est ?

PAULA : - Elle n'est pas loin.

EMMA : - Paula, tu débloques ? L'autre va la tuer...

PAULA : - Dis tout de suite que j'ai une tête de macchabée... (Dans un soupir.) Ah! Les copines...

BOB : - Où est-elle ? (Silence) Pourquoi tu ne réponds pas ?

FLEUR : - Dis quelque chose, Paula.

PAULA : - Le passe plat...

CHLOE : - Hé, il y a quelque chose sur le passe plat... Une boîte... Touche pas, c'est peut être une bombe...

PAULA : - (fort) BOUM ! (Elle rit) Du calme, la jeunesse. Ça ne va pas vous sauter à la gueule.

SONIA : - Que tu dis. Je n’ai pas envie d'essayer.

PAULA : - Prendre des risques, c'est ça qui est bon dans la vie... (Elle ouvre la boîte et en sort un revolver.) Chouette ! Un pétard. Ça va peut être nous servir.

BOB : - Tu es nulle. C'est l'autre qui nous l'envoie. Je parie qu'il n'est pas chargé.

PAULA : - (pointant la canon de l'arme sur Bob) Tu veux que je vérifie ?

SONIA : - Oh ! On se calme...

PAULA : - Rendors-toi Sonia et laisse moi faire...

FLEUR : - C’est pas vrai. Vous débloquez complètement.

RENATTA : - Paula, je t'en prie, pose ce flingue.

PAULA : - Posera ? Posera pas ?

RENATTA : - Arrêtes, je te dis.

(Joy réapparaît)

JOY : - Quelle ambiance ! Vous tournez un polar ?

PAULA : - Qu'est-ce que je vous disais ? Il suffisait d'attendre.

EMMA : - Tu n'as rien ?

JOY : - Non. J'ai un message. Le cuisinier veut notre peau à tous. Il nous laisse une chance de nousdéfendre à armes égales. Le flingue, c’est un cadeau…

MAX : - Quel salaud !

CHLOE ET SONIA : - On est plus nombreux... On va l'avoir... Ouais, allons-y, faut l'arrêter...

JOY : - Du calme, les filles. Il y a juste un petit problème, si on le tue, pas de billet retour pour lamaison.

SUZIE : - Je veux pas mourir. J'ai encore toute ma vie devant moi. J'ai des choses à faire. Je ne veux pasmourir.

RUTH : - C'est pas le moment de craquer, Suzie. Fais un effort.

SUZIE : - Un effort ? Je n’ai pas demandé de rester, ici. Je suis jeune. Je...

NATHALIE : - Si tu ne te calmes pas, je te colle une rouste. C'est clair ? (Levant la voix) C'est clairou je te fais un dessin ?!! Réponds !

SUZIE : - C'est clair.

PAULA : - (à Nathalie) Tu commences à me plaire.

 

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