BILLY THE GEEK 24 Mai 2014

BILLY THE GEEK

Comédie en 7 tableaux

de Gianmarco Toto

 

 

Personnages :

 

  • Billy (jeune garçon obsédé par les jeux vidéo)
  • Tara Soft (archéologue aventurière)
  • Torok le barbare (héros anti "traîneurs")
  • Dario Moch (héros d'un jeu célèbre)
  • Guido (héros ami de Dario Moch)
  • Les marmottes (Personnages du jeu de Dario Moch)
  • Li Yu (héroïne manga)
  • Wang fu (héros manga)
  • Devil kid (Enfant démoniaque)
  • Creepy (créature fétiche de Devil kid)

 

 

TABLEAU 1

 

(La scène s’éclaire sur un grand grenier bourré de bric à brac au milieu duquel trône une vieille télé.) (En bas, dans la maison, on entend les voix de Billy et ses parents.)

 

Voix off du père : - Billy ! Veux-tu bien arrêter de jouer à ces jeux vidéo.

Voix off de la mère : - Billy ! Ecoute ce que dit ton père. Tu as passé presque toute l’après-midi devant l’écran.

Voix off de Billy : - Oui, ça va, ça va… J’ai un niveau à finir et j’arrête.

Voix off du Père : - Bon, Billy ! Tu as entendu ta mère ? Alors fais ce qu’on te dit et coupe moi ça.

Voix off de Billy : - Mais papa, j’ai encore un niveau à finir…

Voix off de la mère : - Ok ! Quand on ne veut pas obéir, il n’y a qu’un seul moyen…

Voix off de Billy : - Maman, pourquoi tu as coupé la télé ?

Voix off de la mère : - Parce que tu n’obéis pas quand on te le demande. Et puis tu passes trop de temps devant ces jeux stupides. Alors, tu vas me faire le plaisir de ranger cette console, toutes tes manettes qui traînent partout dans le salon et monter tout ça dans ta chambre. Et puisque tu ne veux pas entendre raison, la télé sera verrouillée pendant notre absence.

Voix off de Billy : - Trop nul. Vous sortez encore ?

Voix off de la mère : - Oui, c’est un dîner important.

Voix off de Billy : - Ouais. C’est toujours plus important ce que vous avez à faire et moi…

Voix off de la mère : - …Et toi, tu te passeras de jeux vidéo et de télé pour la soirée alors fais ce que je te dis et monte tout ce bazar dans ta chambre…

Voix off de Billy : (Déçu.) Ouais, ouais…

 

(Billy apparaît dans le grenier, les bras chargés de sa console et de ses jeux.)

 

Billy : - M’énerve… Ne comprendront jamais rien… (Apercevant le vieux téléviseur.) Ah ! Je savais bien qu’elle était encore là…

Voix off de la mère : - Billy. Qu’est-ce que tu fais là-haut ?

Billy : (Agacé.) - Je range ma console… Ce n’est pas ça que tu voulais ?

Voix off de la mère : - Oui, oui. Mais, au grenier, qu’est ce que tu fais au grenier ?

Billy : (Même jeu.) - Je cherche des vieux bouquins ou des BD puisque je ne peux plus faire autre chose…

Voix off de la mère : - Et bien, je préfère ça. Nous y allons ton père et moi. Et n’ouvre à personne pendant notre absence…

Billy : - Oui, oui, je sais…

Voix off du père : - Chérie, ça va ma cravate là ?

Voix off de la mère : - Mais oui, ça va. Dépêche-toi sinon je vais t’entendre râler pendant tout le trajet…

 

(On entend la porte de la maison se refermer. Billy reste attentif au moindre bruit jusqu’au silence total.)

 

Billy : (Se retournant vers la vieille télé.) A nous deux, ma vieille. Je suis sûr que tu marches encore.

 

(Billy installe sa console, fais les branchements et allume le téléviseur qui se met de suite en marche.)

 

Billy : - Qu’est-ce que je disais ? Génial… (Il se cale dans un vieux fauteuil.) C’est parti…

 

 

TABLEAU 2

 

(Plus tard, Billy joue toujours à sa console. Dehors, le vent se lève et un orage tonne au loin.) (Billy quitte sa console un instant et se dirige vers l’unique lucarne du grenier pour jeter un œil à l’extérieur.)

 

Billy : - Sale temps qui se prépare. Ca va décoiffer ce soir… (Puis il revient à la console de jeux.) Et pour toi aussi, mon coco, ça va décoiffer. Presque fini le dernier niveau et…

 

(Un éclair d’orage et un bruit fracassant. La foudre est tombée sur le toit de la maison. L’électricité est coupée.)

 

Billy : (Désolé.) Oh, non. C’est nul, ça. J’y étais presque. Le disjoncteur a du sauter. Bon, j’y vais…

 

(Billy se dirige dans l’obscurité et soudain on entend un grand bruit.)

 

Billy : - Aïe, ma tête, ma tête. Me suis cogné… Tout tourne… (Il s’assoit dans le fauteuil en se frottant la tête.) Oh, là, là, j’ai failli m’assommer moi… Ca fait mal…

 

(Soudain un nouvel éclair illumine le grenier. L’électricité revient. Le vieux téléviseur se rallume.)

 

Billy : - Ben, c’est pas trop tôt. Plus qu’à rallumer la console… (Billy touche la console et prend une décharge électrique.) La vache, il y a plein de jus là dedans… (L’écran du téléviseur se met à briller d’une lumière très blanche. Billy panique.) Oh, non, non, non, elle va imploser,…

 

(Billy se cache derrière le vieux fauteuil, en fermant les yeux et se bouchant les oreilles.)

(Un claquement et doucement, une silhouette se dresse derrière le vieux téléviseur.)

(Billy jette un œil prudent depuis sa cachette.)

 

Billy : - C’est quoi, ça ? (Pris de peur panique.) Un fantôme… Il y a des fantômes dans le grenier…

 

(La silhouette avance dans la lumière. Billy n’en croit pas ses yeux.)

 

Billy : - La vache ! Tara Soft ! Mais c’est impossible…

Tara Soft : (Avance en pointant ses deux revolvers.) - Qui est là ? Sors de ta cachette et montre-toi !

Billy : - (Doucement pour ne pas se faire entendre.) Tara Soft ? Mais c’est impossible. Elle n’existe pas. Je rêve… C’est ça, je rêve…

Tara Soft : - Pour la dernière fois, sort de là-bas derrière. Je sais que tu es là. Montre-toi, où je viens te chercher.

Billy : - Ok ! Ok ! Tara… Heu, madame Soft, enfin je veux dire…

Tara Soft : - On se connaît ?

Billy : - Oui,… Enfin, non… C’est plutôt moi qui vous connais… Mais c’est impossible…

Tara Soft : - Qu’est-ce que je fiche, ici ?

Billy : - Justement. C’est ce que je voulais dire. C’est impossible que vous soyez là parce que vous êtes dans le jeu, là…

Tara Soft : - Le jeu ? Quel jeu ? Ecoute, petit, soi tu me prends pour une idiote, soi je deviens folle, mais tu vas me dire où on est et plus vite que ça…

Billy : - Ok, ok ! Vous faites partie de mon jeu. Vous… Vous n’existez pas… Enfin, oui, vous existez mais…

Tara Soft : - C’est pas clair, mon p’tit gars…

Billy : - Oui, pour moi aussi c’est pas clair. Ok, vous voyez ma console, là, par terre ?

Tara Soft : - Quoi, l’espèce de boîte là ?

Billy : - Oui, voilà, c’est une console de jeux et vous faites partie du jeu mais je ne sais pas comment vous…

Tara Soft : - Et là, on est où ?

Billy : - Ben, chez moi, enfin, dans la réalité parce que vous, vous n’êtes pas sensée être réelle… Vous voyez ?

Tara Soft : - Pas du tout.

Billy : - Ah, là, là. Comment je pourrai vous expliquer ça, moi. Vous voyez, ça, c’est une console de jeux…(Il touche la console et prend une nouvelle décharge électrique.) Aïe, mais c’est pas vrai. Il y a encore du jus là-dedans ?

 

(L’écran s’illumine à nouveau.)

 

Billy : - Mon dieu… Ca recommence…

Tara Soft : - Qu’est-ce qui recommence ?

Billy : - Comme tout à l’heure quand vous êtes apparu ? Cachez vous. Cachez vous, vite !

 

(Tara Soft se cache avec Billy derrière le fauteuil.)

 

Billy : (Regardant Tara Soft avec admiration.) Wouaouh ! Tara Soft est dans ma maison…

Tara soft : - Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Bon, recule, ça peut être dangereux.

 

(L’écran s’illumine à présent tout à fait. Un guerrier barbare armé d’une lourde hache surgit en bondissant.)

 

Torok : - Aaargh ! Venez vous battre, maudits « traineurs » ! (Surpris de ne pas reconnaître l’endroit.) Où suis-je ? Encore un sortilège de ce maudit Devil Kid ! Allons, sale marmot, viens donc goûter à « Blanche » ma hache hurlante si tu l’oses !

Billy : - Waaouuh ! Torok le barbare !

Tara Soft : (Sortant de sa cachette, revolvers aux poings.) Bouge-pas mon gros ou je te grille la cervelle, si tenté que tu en ais une ?

Billy : (Fasciné.) - Waaouuh ! Tara et Torok réunis, c’est une tuerie !

Totok : - Tu crois que tu me fais peur, sorcière ? Allez, viens te battre…

Billy : (S’interposant entre les deux héros.) – Holà, holà ! Du calme. D’abord, vous êtes chez moi et maman ne tolère pas les disputes à la maison ?

Torok : - Maman ? C’est qui ce mouflet ?

Tara Soft : - Un gosse qui raconte que nous faisons partie de son jeu.

Torok : - Quoi ? Qu’est-ce que vous racontez ? C’est un sortilège ! Vous allez payer…

Billy : - Ho ! Ho ! Pose ta hache, le guerrier, j’ai dit ! Tara a raison. Tu fais partie d’un jeu, de mon jeu. (Voyant qu’aucune lueur de compréhension n’éclaire le visage du héros barbare.) Bon. J’explique à nouveau. Tu vois, la console à tes pieds, là, la boîte bizarre et bien…

Torok : - Quoi, ce coffret là ? (Il ramasse la console.)

Billy : - Non, touche pas…

 

(Torok prend une décharge électrique et lâche la boîte. L’écran s’éclaire à nouveau. La lumière grandit dans le grenier.)

 

Billy : - Et voilà, ça recommence…

Torok : - Qu’est-ce qui recommence ? Tu as voulu me lancer un sort avec ta boîte magique ? Tu le paieras.

Tara Soft : - Calme-toi le barbare. C’est qu’un gosse, ok ?

Torok : - Tu ne sais pas de quoi tu parles, la donzelle. J’en connais des morveux qui…

Billy : (Paniqué en désignant l’écran.) - Oui et bien pour le moment tenez vous prêts à voir apparaître je ne sais pas qui ou quoi ?

Torok : Qui ? Quoi ?

Tara Soft : - On va le savoir dans un moment…

 

(Billy se cache à nouveau, suivi des deux héros qui se tiennent prêts à bondir.)

 

Billy : (Admirant les deux héros.) – Tara et Torok, chez moi… Ouais, une vraie tuerie…

Torok : (En désignant Billy à Tara Soft.) - Qu’est-ce qu’il a à nous regarder comme ça ?

Tara Soft : - Fais pas attention. Il est comme ça depuis tout à l’heure.

 

TABLEAU 3

 

(Le grenier irradie de lumière lorsque deux héros tout droit sortis d’un manga apparaissent en bondissant, sabres et lames à la main.)

 

Wang Fu : - Par les cornes des démons Oni, es-tu prête Li ?

Li Yu : - Toujours prête, Wang. Je perçois des ondes néfastes dans cet endroit.

Wang Fu : - Soyons vigilants, Li.

Li Yu : - Oui, Wang. Comme nous l’a appris notre vénéré maître Kakubi le pieu.

Billy : - Waaouuh ! Wang Fu et Li Yu, les deux ninjas de l’ordre des dragons de feu !

Torok : - Qui ?

Billy : - Ce sont les héros d’un jeu manga que j’ai mis deux mois à terminer. Faut savoir que les combos n’étaient pas faciles…

Torok : - Les combos ?

Billy : - Oui, en plus… (Réalisant que Torok ne comprend rien.) Ouais. Laisse tomber. Ils sont comme vous, font partie d’un jeu.

Torok : - Torok n’aime pas les jeux. Torok aime le combat.

Tara Soft : - Ça, mon gros, on n’avait compris. Attendons de voir à qui nous avons à faire.

Billy : - Vous deux, bougez pas d’ici. Je vais aller voir.

Tara Soft : - Où tu vas petit ? C’est dangereux !

Billy : - Laisse. Je les connais mieux que vous. (Il s’éloigne.)

Torok : - Gonflé ce marmot. Fera peut être un bon guerrier, un jour.

 

(Billy apparaît aux deux héros ninjas.)

 

Wang Fu : - Qui va là ?

Li Yu : - Ce n’est qu’un enfant.

Wang Fu : - Méfie-toi. C’est peut être un démon Oni.

Billy : - Si j’étais un démon, vos supers sens vous auraient mis en alerte. Mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ?

Li Yu : - Il a raison, Wang. C’est bien un enfant.

Billy : - Et oui. Et si vous êtes ici c’est un peu de ma faute.

Wang Fu : - Ta faute ?

Billy : - C’est ce que je me tue à expliquer aux autres depuis un moment.

Li Yu : - Aux autres ?

Wang Fu : - Quels autres ?

Billy : - Torok, Tara, vous pouvez venir !

 

(Torok et Tara Soft apparaissent. De suite, Wang Fu et Li Yu se mettent en garde, suivis des deux autres héros qui dressent et pointent leurs armes respectives.)

 

Wang Fu : - Par tous les volcans du japon, des guerriers !

Li Yu : - Ne crains rien, Wang, nous en viendrons à bout comme pour les autres !

Torok : (En dressant sa hache.) - Essayez pour voir, Torok n’attend qu’un signe pour faire chanter sa « Blanche ».

Tara : - Du calme, le barbare, ce sont des étrangers comme nous.

Billy : (S’interposant entre les quatre héros, une manette de jeu à la main.) – Stop, stop et stop ! Ça suffit ! Vous allez tous rengainer vos armes ou je vous mets sur « game over », moi.

 

(Déconcertés mais méfiants, les héros replacent leurs armes dans leurs fourreaux.)

 

Li Yu : - Audacieux ce petit.

Wang Fu : - Qui est-tu, garçon ? Et eux que font-il ici ?

Tara Soft : - On peut vous renvoyer la question. Vous trouvez que nous sommes à notre place ?

Li Yu : - C’est vrai, Wang, je ne reconnais pas le décor de nos maisons.

Wang Fu : - Oui. Nous avons peut être été avalé par la dimension des morts.

Billy : - Hou là ! Ici, vous êtes bien chez les vivants. C’est vous qui n’êtes pas à votre place, plutôt. Vous n’avez rien à faire dans mon monde car vous faites tous partie de mon univers de jeux vidéo et donc vous n’existez pas en vrai.

Torok : - Le marmot dit que nous venons tous de cette boîte, à terre, là.

Wang Fu : (Se penchant pour ramasser la console.) - Quoi ? De ce ridicule objet qui…

Billy : - Non, ne le touchez pas…

 

(Wang Fu prend une décharge et le grenier s’illumine à nouveau avec plus de violence qu’auparavant. Billy et les héros, aveuglés, n’ont  pas le temps de réagir que deux silhouettes apparaissent au milieu du grenier.)

 

TABLEAU 4

 

Dario : (Agacé.)- Alors là, bravo mon petit Guido. Tu as fait fort mais alors très fort.

Guido : (Même jeu.) - Non, mais dis-donc, t’es gonflé toi. C’était à qui de couvrir les arrières ?  A moi peut être ?

Billy : (Amusé) - Dario Moch et Guido !

Dario : - Non, mais personne ne t’as demandé d’être une vraie passoire. T’as loupé tous les champignons, tous les mollusques et en plus, t’as laissé s’enfuir toutes ces marmottes idiotes. Je te rappelle que celui qui est devant prépare le terrain.

Guido : - Mais oui, c’est ça, monsieur a toujours raison, monsieur est le plus fort avec sa moustache et ses airs supérieurs.

Dario : - Quoi, qu’est-ce qu’elle a ma moustache ? T’es jaloux de ma moustache, voilà tout.

Guido : (Réalisant qu’ils sont écoutés et observés par quatre héros armés.)– Heu ! Dario ? On a un problème, je crois…

Dario : (Qui n’a rien vu.) – Mais oui, c’est ça. C’est moi qui ai un problème, un énorme problème si tu veux savoir. Et tu sais quoi ? C’est toi, mon problème. (Avec effroi en réalisant enfin la présence des autres, il se blotti dans les bras de Guido qui en fait de même.) Guido ! On a un problème.

Guido : - Des nouvelles créatures. Que faut-il faire ? Les écraser ou les avaler ?

Torok : (A Guido qui tremble de peur.) - Qui veux-tu écraser, moucheron ?

Billy : - Allons, allons, personne ne sera écrasé. Je vous présente, Mario et Guido, les deux personnages d’un jeu drôle et absurde à la fois. Là, Tara Soft, ici, Torok le barbare et ici, Wang Fu et Li Yu, les deux ninjas de l’ordre des dragons de feu.

Guido : - Ravi.

Dario : - Enchanté.

Billy : - J’espère que vous êtes venus seuls tous les deux parce que ce grenier commence à être un peu étroit pour tout ce petit monde.

Guido : - Ben, oui, qui voulez-vous que…?

Dario : - Attends ! Ecoute…

Guido : - Ca y est, ça lui reprend. Excusez-le mais il est un peu sur les nerfs…

Dario : - Boucle-la et écoute, je te dis…

 

(Tout le monde dresse l’oreille. On entend de petits rires idiots.)

 

Guido : - Oups ! Je crains fort que nous ne soyons pas venus si seuls que ça.

Billy : - C’est à dire ?

Dario : - Je crois qu’elles nous ont précédé…

Billy : - Oh, non ! Pensez-vous à la même chose que moi ?

Guido : - Je crains fort que oui…

Billy : - Pas les marmottes idiotes… Pas elles…

 

(Surgissant de plusieurs endroits, des marmottes apparaissent dans le grenier. Croyant à une attaque, les héros guerriers dégainent leurs armes qui n’ont aucun effet sur les marmottes peu impressionnées.)

 

Marmotte 1 : - Youpi, youpa ! On s’est trompé de gare d’arrivée !

Marmotte 2 : - Youpi, youpa ! Où qu’on est les copines ?

Marmotte 3 : - Youpi, youpa ! Sais pas mais ça sent le renfermé !

Marmotte 1 : - Houli, houla ! Z’avez vu les truffes du comité d’accueil ?

Marmotte 2 : - Houli, houla ! Sont bizarres ceux-là.

Marmotte 3 : - Houli, houououla ! (Désignant Dario et Guido.) Jetez un œil par ici, les filles ! C’est Dario et Guido.

Marmotte 1 : - Youpala ! La barbe ! Je pensais qu’on en avait fini avec les « frères rasoirs ».

Marmotte 2 : - Youpila ! Ben, non, de vrais pots de colle ces deux-là !

Marmotte 3 : - Youpili ! Tirez-vous les filles !

Dario : - Hé ! Ne bougez pas, on va s’occuper de vous !

Marmotte 3 : - Cause toujours le moustachu.

Marmotte 2 : - Ouais. Tu peux t’asseoir là-dessus.

Marmotte 1 : - Faut pas en dire plus.

Guido : - Vas-y Dario. On les choppe cette fois-ci.

 

(Dario et Guido poursuivent les marmottes dans tout le grenier en déclenchant une vraie pagaille.)

 

Billy : - Faudrait peut être les aider. Sinon, ces trois là vont mettre une véritable pagaille dans la maison. Dario et Guido ont l’habitude de les poursuivre dans leur jeu mais ici, ils ne connaissent pas le terrain.

Tara Soft : - Qu’est-ce qu’on attend, alors ?

Torok : - Enfin de l’action. « Ma blanche » commençait à rouiller d’ennui.

Billy : - Méfiez-vous, elles sont rapides.

Wang Fu : - Pas autant que les ninjas du dragon de feu.

Li Yu : - Tu l’as dit, Wang. Sabres en avant !

 

(Les héros se joignent à Dario et Guido mais les marmottes sont très rapides et en un rien de temps, elles s’introduisent dans la maison.)

 

Billy : - Oh, non ! Pas dans la maison. Elles vont tout saccager !

Dario : - Poursuivons-les !

 

(Tous sortent. Le grenier est vide à présent.)

 

TABLEAU 5

 

(Dans le grenier déserté, les marmottes réapparaissent prudemment.)

 

Marmotte 1 : (Apparaissant derrière une caisse.)– Allo, allo, les filles ? Ennemis en vue ?

Marmotte 2 : (Même jeu.) - Allo, à l’huile ? Rien à l’horizon.

Marmotte 3 : (Même jeu.) – Alli, allo ? Ennemis semés, je répète, ennemis semés.

Marmotte 1 : - Youpiya ! C’est qui les plus fortes ?

Marmotte 2 : - Youpiyo ! C’est la marmotte la plus forte !

Marmotte 3 : - Youpiyi ! C’est qui, qui, que t’as dit ?

Les marmottes (Ensemble.) : - Les marmottes pas idiotes !

Marmotte 3 : - Z’avez vu ? Il y a même la télé.

Marmotte 2 : - Qui s’occupe des popcorns ?

Marmotte 1 : - La dernière fois c’était moi…

Marmotte 2 : - On a vu ce que ça a donné. Il y en avait partout.

Marmotte 1 : - Gnian, gnian, gnian, tête de gland ! Si t’es pas contente t’as qu’à les faire toi-même.

Marmotte 3 : (Désignant la console.)  - Hé ! Vous avez vu la drôle de boîte, là, par terre ?

Marmotte 2 : - J’adore les boîtes. On y trouve plein de bidules… Ouvre-là.

Marmotte 3(Qui remue la console en tout sens.)  : - Je vois pas le couvercle.

Marmotte 1 : (Lui arrachant la console des mains.) – Laisse. Tu sais pas faire…

Marmotte 3 : (Même jeu.) – Non mais, dis-donc, tête de macaque. On t’a rien demandé.

Marmotte 2 : (Même jeu.) – Guenons vous-même. C’est moi qui vais l’ouvrir cette boîte.

 

(Les marmottes se disputent la console en répétant sans cesse « C’est moi, c’est moi ! ». Soudain l’écran grésille et s’illumine.)

 

Marmotte 1 : - Voilà, vous êtes contentes ? Vous avez tout pété.

Marmotte 2 : - C’est toi qui a tout pété, patate !

Marmotte 3 : - Hé, les filles, la télé est en train de disjoncter.

 

(La lumière qui sort de l’écran gagne en intensité. On entend d’étranges plaintes lugubres. Derrière le vieux téléviseur, apparaît un enfant vêtu d’un costume sombre et accompagné d’une étrange créature accroupie à ses côtés.)

 

Devil Kid : - Intéressant, mon petit Creepy. Un nouveau monde s’offre à nous.

Creepy : - T’es sûr que ce n’est pas un piège de ce gros barbare idiot, ô petit maître ?

Devil Kid : - Cet insignifiant guerrier serait incapable de préparer un traquenard aussi subtil.

Creepy : - Comme vous parlez bien, petite noirceur. Et comme on se sent désespéré à votre contact, ô petit maître détesté.

Devil Kid : (En désignant les marmottes qui restent figées de stupéfaction.) – Regarde, mon petit Creepy. De nouvelles âmes toutes fraîches à corrompre.

Creepy : (S’adressant aux marmottes avec méchanceté.) – Veuillez vous incliner plus bas que terre devant sa petite noirceur !

Marmotte 1 : - S’incliner pour quoi faire ?

Marmotte 2 : - T’as franchement pas la trombine d’un roi pour qu’on s’incline !

Marmotte 3 : - Hé, les touristes ! On était là les premières, alors poussez-vous de là !

Creepy : - Entendez-vous petit maître ? Ces pauvres créatures insignifiantes osent braver votre vile personne ! Sacrilège !

Devil Kid : - Ne t’impatiente pas, mon petit Creepy. Dans quelques instants, elles seront dociles et obéissantes comme des enfants sages.

Marmotte 3 : - Nous ? Sages ? (Elle éclate d’un grand rire.)

Marmotte 2 : (Même jeu.) - Oh, l’autre, qu’il est drôle ! Sacré comique, lui !

Marmotte 1 : (Même jeu.) - Oh, je n’ai jamais autant ri. Terrible, ce petit gars ! Terrible !

Devil Kid : - Tu ne crois pas si bien dire, pauvre créature sans intérêt. (Devil Kid se concentre et ils imposent ses mains.) Par les puissances de l’occulte…

Creepy : - Oui, petit maître, transformez-les !

Marmotte 1 : (Riant plus fort.) : - Et en quoi ? En blaireau ?

Devil kid : - … Par les sept plaies du monde…

Marmotte 2 : (Même jeu.) – Oh, non mais c’est drôle. Quelle plaie ce petit gars !

Creepy :- Tu vas voir ce que tu vas voir, pauvre créature.

Marmotte 1 : (Même jeu.) – Tout ce que je vois pour l’instant. C’est un gosse complètement allumé et un autre qui ressemble à un crapaud pas fini. Et il veut nous transformer ?

Devil Kid : … Par les seigneurs du malheur, que ces pauvres hères deviennent « traîneurs » !

 

(L’atmosphère change dans le grenier. Les marmottes se tordent de douleur en s’écrasant au sol puis tout redevient calme.)

 

Creepy : - Pensez-vous que le sort a fonctionné, ô noirceur adulée ?

Devil Kid : - Patience mon petit Creepy et regarde !

 

(Les marmottes se redressent lentement, la figure idiote et la démarche lente.)

 

Creepy : (Bondissant et bavant de joie.) – Oh, petit maître, que vous êtes diabolique !

Devil Kid : - Veux-tu bien cesser de baver sur mon costume ?

Creepy : (Se ravisant soumis.) – Oh, veuillez me pardonner, prince des noirceurs ! Je ne peux m’empêcher de saliver de joie devant votre immense pouvoir…

Devil Kid : - Allons conquérir ce nouveau monde. Il me faut des « traîneurs », il m’en faut plus.

Creepy : - Oui, allons conquérir…

Devil Kid : - Non, pas toi. Tu restes, ici, pour surveiller les lieux.

 

(Devil Kid et les marmottes devenues « traineurs » sortent du grenier et s’enfoncent dans la maison.)

 

Creepy : - Pourquoi c’est toujours Creepy qui doit attendre ? (Entendant des voix qui s’approchent.) Oh, quelqu’un approche ! Vite, laissons l’obscurité me cacher des regards étrangers. (Il disparaît dans le noir.)

 

TABLEAU 6

 

(Quelques instants plus tard, Billy, accompagné de ses nouveaux amis, revient au grenier.)

 

Billy : (Désespéré, en se jetant dans le fauteuil.) – C’est fini. Je suis fini. Mes parents vont me massacrer. Où sont passées ces maudites marmottes ?

Dario : - Avec elles, faut s’attendre à tout.

Guido : - Tu le sais bien, mon garçon, puisque tu joues avec nous tout le temps.

Torok : - Jeu stupide. Les aventures sont plus captivantes avec Torok, le barbare.

Guido : - Ah, oui ? Parce qu’il trouve ça captivant de donner des coups de hache sur la fiole à tout le monde, le super guerrier ?

Dario : - Y a pas plus brutal comme jeu !

Torok : - Brutal ? Ma « Blanche » n’est pas brutale. Elle frappe fort et juste pour trancher le mal à sa source. Comme ta tête dans quelques instants si tu ne sollicites pas ma clémence.

Tara Soft : - Doucement Torok, Dario et Guido ne savaient pas ce qu’ils disaient ? (En adressant un signe de tête discret aux deux amis.) Hein, les gars ?

Guido : - Oui, oui, ce sont ces maudites marmottes… Elles sont stressantes, n’est-ce pas ?

Dario : (Tout bas à Guido.) C’est qu’il en serait capable, le bougre.

Wang Fu : - Le peu de maîtrise de vos pulsions barbares ne nous aidera pas.

Li Yu : - Wang a raison. La voie du sage qui repose sur le bord de la rivière en attendant que les corps de ses ennemis passent devant lui en flottant est la meilleure.

Dario : - Qu’est-ce qu’elle a dit, le ninja en jupon ?

Li Yu : - Ninja en jupon ? (Sabre au poing.) Comment oses-tu ?

Guido : - Du calme, Dario n’est pas certain d’avoir tout saisi.

Wang Fu : - Cet affront te coûtera cher, petit bonhomme moustachu.

Tara Soft : (En levant la voix et ses deux revolvers.) - Elle dit qu’il vaut mieux se calmer si nous voulons être efficaces. Alors, tout le monde se calme.

Billy : (Lassé et suppliant.) - S’il vous plaît. Game over, là. On arrête. On arrête ça de suite… (Réalisant que quelque chose de gluant s’est collé à ses mains.) Berk, c’est dégoutant. Qui a bavé sur mon beau fauteuil ?

Torok : (Soudain en alerte.) Bavé, dis-tu ? Essuie toi les mains, vite. Et écarte-toi de ce fauteuil.

 

(Torok passe une main sur le fauteuil, renifle le liquide visqueux et le goûte.)

 

Guido : - Berk, c’est répugnant.

Dario : - Un barbare, c’est un barbare.

Torok : - Par les murailles de la sainte cité : des « traineurs » !

Guido : - Des quoi ?

Torok :(Sa hache dressée.)- Devil kid est ici.

Dario : - Devil qui ?

Billy : (Affolé.) - Horreur. C’est l’enfant démon que Torok combat dans le jeu. Il transforme tous ceux qu’il maudit en morts vivants qu’on appelle des « traineurs ». Si Devil Kid est bien passé dans mon monde alors celui-ci n’en aura pas pour longtemps à rester tel qu’il est.

Dario : - C’est bien ce que je disais : y a pas plus brutal comme jeu.

Torok : - Suffit, petit moustachu. L’heure est grave. Si nous ne faisons rien pour chasser Devil Kid de ce monde alors ce dernier sera infesté de « traineurs » et les ténèbres règneront en maîtres.

Wang Fu : - Les ténèbres ça nous connaît bien, Torok. Nous y sommes habitués.

Li Yu : - Wang Fu dit vrai. Dans notre jeu, nous avons l’habitude de chasser les démons. Tu peux compter sur nos sabres, barbare.

Torok : - Et que dit la donzelle avec ses armes qui crachent le métal et le feu ?

Tara Soft : - La donzelle dit que ses chargeurs ont des démangeaisons soudaines. (Se tournant vers Dario et Guido.) Et les moustachus ? Ils en pensent quoi ?

Dario : - J’ai les pieds qui chatouillent, moi, quand il s’agit de botter des fesses.

Guido : - Moi itou. (A Dario.) Mais cette fois-ci c’est moi qui couvre tes arrières.

Dario : - Au passage, fait attention à mes fesses. (Glorieux.) En avant, les héros ! Liguons-nous contre l’envahisseur !

Billy : - Waaaouh ! Une ligue de super-héros, chez moi. Personne ne voudra me croire.

Dario : (Héroïque.) - Oui, une ligue de super héros en lutte contre le mal absolu. La ligue de Billy the Geek !!!

Guido : (Blasé.) – Il adore les sorties célèbres. Faut toujours qu’il en fasse quinze tonnes.

 

(Tous les héros sortent à la poursuite de Devil Kid.)

 

Billy : - Waaaouh ! Délire ! (Il sort.)

 

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